Une nouvelle étude sur les résidus de chlorpyrifos dans les fruits renforce les arguments sanitaires en faveur d'une interdiction à l'échelle européenne

June 19, 2019

19 juin 2019, Bruxelles - Le chlorpyrifos, un pesticide connu pour ses effets néfastes sur le développement du cerveau des enfants, figure parmi les 15 substances actives les plus fréquemment trouvées dans les aliments non transformés européens et en particulier dans les fruits. Telle est la conclusion d'une nouvelle étude publiée aujourd'hui, qui rassemble toutes les données officielles de l'UE sur l'analyse de 791 résidus de différents pesticides[1].

Le chlorpyrifos est le plus souvent détecté dans les agrumes : plus d'un pamplemousse (39%) et d’un citron (36%) échantillonnés sur 3, et plus d’une orange (29%) et une mandarine (25%) échantillonnées sur 4 contenaient des résidus de chlorpyrifos.

L'autorisation actuelle du chlorpyrifos au sein de l'Union européenne expire le 31 janvier 2020. Les États membres chargés de l'évaluation de la sécurité de ce pesticide font partie des pays où des résidus de chlorpyrifos ont été détectés le plus fréquemment dans les fruits. L'Espagne, où environ 1 fruit échantillonné sur 5, dont 40 % des oranges et 35 % des mandarines, sont contaminés par le chlorpyrifos, est l'État membre rapporteur chargé de superviser le dossier de réautorisation. La Pologne, en tant que co-rapporteur, est en tête de liste des pays où la contamination des pommes par le chlorpyrifos est la plus élevée.

Une série d'articles d'investigation publiés, lundi 19 juin, par des médias de toute l'Europe ont souligné que le précédent processus européen d'autorisation de mise sur le marché du chlorpyrifos ignorait des centaines d'études indépendantes montrant des preuves d'effets néfastes pour le cerveau[3]. L'enquête a également révélé que l'autorisation de l'UE ne reposait que sur une seule étude, financée par l'industrie[4].

L'exposition au chlorpyrifos, même à faibles doses, peut nuire au développement du cerveau et du système hormonal des enfants. Les scientifiques l'ont associée à la diminution du QI chez les enfants, à la perte de mémoire de travail, à la perturbation endocrinienne, au développement de l'autisme et à la maladie de Parkinson[5].

Près de 200 000 personnes ont déjà fait entendre leur voix pour exiger une agriculture et alimentation non toxique[2]. Cette pétition #BanChlorpyrifos - lancée par SumOfUs, l'Alliance Santé et Environnement (HEAL), Générations Futures, Ecologistas en Acción et les branches européenne et allemande du Pesticide Action Network - presse les gouvernements européens et la Commission d'interdire définitivement le chlorpyrifos.

Déclarations :

Génon K. Jensen, directrice exécutive de la Health and Environment Alliance (HEAL)
déclare : "Les parents ne devraient pas avoir à s'inquiéter pour la santé de leurs enfants en leur donnant des fruits comme des oranges et mandarines, qui contiennent le plus de résidus de chlorpyrifos. Nous disposons d’une quantité suffisante de preuves scientifiques sur la neurotoxicité du chlorpyrifos et du chlorpyrifos-méthyl pour agir. L'exposition chronique à de faibles doses telles que les résidus dans les fruits est associée à une diminution du QI et de la perte de mémoire de travail chez les enfants, il devrait y avoir une tolérance zéro. Nous appelons les institutions européennes et les gouvernements à faire du retrait de ces deux substances une priorité de santé publique."

Angeliki Lyssimachou, responsable de la politique scientifique au Pesticide Action Network Europe, déclare : "Il est scandaleux que notre système réglementaire permette l'utilisation d'un pesticide neurotoxique comme le chlorpyrifos, connu pour nuire au cerveau des enfants, en champ ouvert, et d’en détecter des résidus dans notre alimentation. Nous demandons aux régulateurs d'interdire immédiatement le chlorpyrifos et d'améliorer notre système d'autorisation des pesticides, qui encourage actuellement la dépendance à l'égard des pesticides toxiques dans l'agriculture, menaçant la santé humaine et l'environnement au lieu de les protéger".

Nabil Berbour, responsable de campagnes chez SumOfUs, déclare : "Ce pesticide toxique, nocif pour le développement du cerveau des enfants, aurait dû être interdit depuis fort longtemps en Europe, comme l'a révélé une série d'articles parus cette semaine dans la presse européenne. Il est temps pour les gouvernements de l'UE de faire passer la santé publique avant les profits de l'industrie des pesticides. Dans une pétition lancée par le groupe #BanChlorpyrifos, plus de 191.000 citoyens de l'UE les pressent d'interdire ce dangereux pesticide."

Peter Clausing, membre du conseil d'administration de Pesticide Action Network Germany, déclare : "Le chlorpyrifos représente un exemple flagrant que l'évaluation des risques des effets neurotoxiques par l'UE est désuète et insuffisante".

Notes :

[1] "Chlorpyrifos residues in fruits, the case for a EU-wide ban to protect consumers", publié en juin 2019 par la Health and Environment Alliance (HEAL) et Pesticide Action Network Europe.

[2] Pétition SumOfUs : Nous ne voulons plus de chlorpyrifos dans nos assiettes. #StopChlorpyrifos : https://actions.sumofus.org/a/nous-ne-voulons-plus-de-chlorpyrifos-dans-nos-assiettes  (également disponible en allemand, espagnol et anglais)

[3] Cette série d'articles comprend :

- Portail principal (anglais): Investigative Reporting Denmark (https://www.ir-d.dk/chlorpyrifos/)

- En anglais: the EU Observer (https://euobserver.com/health/145146)

-       En Français:  Le Monde (https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/17/chlorpyrifos-les-dangers-ignores-d-un-pesticide-toxique_5477084_3244.html)

-       En néerlandais: Knack (https://www.knack.be/nieuws/belgie/europa-onderzoekt-verbod-op-insectenvergif-dat-in-onze-voeding-opduikt/article-longread-1477255.html)

-       En espagnol: El Confidencial (https://www.elconfidencial.com/tecnologia/ciencia/2019-06-17/pesticia-agricultura-espana-peligro-ue-prohibicion_2073403/)

[4] Safety of Safety Evaluation of Pesticides: developmental neurotoxicity of chlorpyrifos and chlorpyrifos-methyl. Mie, Rudén, Grandjean. Environ Health. 2018 Nov 16;17(1):77. doi: 10.1186/s12940-018-0421-y https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30442131

[5] Note de synthèse ‘L’Union européenne devrait interdire le chlorpyrifos, dangereux pour le cerveau’ (publié en août 2018 par HEAL, PAN Europe, Générations Futures and PAN Germany).

Infographic ‘Ban the toxic pesticide chlorpyrifos from our plates’ (published June 2019 by HEAL) https://www.env-health.org/wp-content/uploads/2019/06/Ban-Chlorpyrifos-Infographic-v2.png